La migraine touche environ 12 % des adultes et figure parmi
les principales causes d’incapacité. Elle se manifeste par des crises de
céphalées pulsatives, souvent accompagnées de nausées, de photophobie et de
phonophobie. Si les médicaments demeurent essentiels, nombre de personnes
recherchent des options complémentaires mieux tolérées. La massothérapie
s’impose alors comme une stratégie prometteuse grâce à ses effets
neuromusculaires, circulatoires et neuroendocriniens.
Pourquoi le massage peut-il agir ?
La pression rythmée exercée sur les tissus mous active les
fibres nerveuses A-β, capables d’inhiber la transmission nociceptive dans la
moelle épinière (théorie du « gate control »). Le relâchement des muscles
cervicaux limite l’ischémie locale et la libération de substance P, tandis que
l’augmentation d’endorphines et de sérotonine élève le seuil de perception
douloureuse. Une baisse du cortisol post-séance réduit aussi
l’hyperexcitabilité neuronale qui précipite les crises.
Que disent les études ?
Les données, encore limitées, sont encourageantes. Un essai randomisé de 2023 a rapporté une diminution de 34 % de la fréquence mensuelle après six séances de massage myofascial du cou et des épaules. De petites séries montrent également des gains sur la qualité du sommeil et sur l’intensité moyenne des douleurs mesurées à l’échelle visuelle analogue.
Bien que la taille d’échantillon reste modeste, les
résultats concordent parfaitement avec les études cliniques: la massothérapie agit
surtout en prévention, plutôt qu’en phase aiguë où l’allodynie peut rendre le
toucher désagréable.
Techniques à privilégier
Les approches les plus utilisées sont :
- Le massage suédois doux, qui favorise la vasodilatation sans surstimulation;
- La libération myofasciale des muscles suboccipitaux, temporaux et trapèzes pour diminuer les points gâchettes;
- Des techniques cranio-sacrées légères améliorant la circulation du liquide céphalorachidien;
- Un drainage lymphatique subtil atténuant la congestion locale.
- Une séance type dure environ 60 minutes, idéalement minimalement
1 fois par semaine durant un mois, suivie d’un entretien mensuel pour maintenir
les bénéfices.
Précautions essentielles
Il vaut mieux différer le massage lors d’une crise sévère ou
si la palpation déclenche une douleur vive. Les massothérapeutes cliniciens doivent
adapter la pression à la tolérance de la personne. Une communication claire sur
les attentes – réduction progressive des crises plutôt qu’abolition immédiate –
prévient les déceptions.
Intégrer le massage au plan de soins
La massothérapie complète les volets éducationnels (gestion
du stress, ergonomie, hygiène de sommeil) et la pharmacothérapie prescrite. Son
coût demeure raisonnable : quelques séances suffisent souvent à installer une
courbe d’amélioration durable. Pour les assureurs, le rationnel physiologique
et la satisfaction élevée des patients justifient déjà le remboursement dans
plusieurs régimes.
Conclusion
En diminuant les tensions cervicogènes, en modulant les voies de la douleur et en favorisant la relaxation, la massothérapie offre un soulagement notable à de nombreux migraineux. Des études de plus grande ampleur sont encore requises, mais l’intégrer dès maintenant, de façon individualisée et coordonnée avec le suivi médical, représente une option sûre, efficace et appréciée des patients.
Consultez un massothérapeute clinicien certifié pour vous assurer des compétences requises pour votre cas.
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